Ce village si paisible…
Plan de la commune
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Coronaméron : Chroniques du confinement en Ardèche
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A lire dans cette page :
Bienvenue à tous !
Le résumé
Les personnages
La couverture
Quelques pages du livre
La séance de dédicace à St Michel
La revue de presse
Les lecteurs écrivent
Quelques éléments du décor (photos)
Les points de vente
Découvrez la suite de « Ce village si paisible »
Le tome II
visitez le site de présentation
https://mysteresauvillage.wordpress.com/2016/02/20/mysteres-au-village/
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Bienvenue à vous ! J’ai consacré une bonne partie de l’année 2014 à rédiger ce roman. L’idée m’en a été donnée par mon fils Quentin, suite à deux articles sur la guerre de 39-45 que j’avais publiés dans la revue locale La Chabriole (chabriole.fr). Il m’a persuadé de la nécessité de sauvegarder cette page d’histoire locale et je l’en remercie car cela a été pour moi une « aventure » passionnante.
Les innombrables souvenirs de famille ont constitué également une source inépuisable d’anecdotes : c’est ainsi que mes grands parents m’ont inspiré les personnages de Philémon et de Victorine. L’évasion peu banale de Marcel est en réalité celle d’un cousin de la famille. Quant à l’aventure d’Edouard, je la dois à l’ancien maire de la commune, à qui j’ai succédé en 1983. J’ai représenté dans le personnage d’ Ernest le célèbre facteur qui parcourait chaque jour la campagne à pied , avec son fort penchant pour la bouteille. Au fil des pages j’ai tenu à faire revivre des gens humbles qui n’avaient pas vocation à être des héros mais dont beaucoup n’ont pas hésité à faire preuve d’une grande solidarité et de beaucoup de courage quand les circonstances l’exigeaient.
Vous retrouverez aussi tous les métiers de l’époque : les menuisiers, le forgeron, la boulangère, l’épicière, le cafetier, sans oublier les étameurs, l’instituteur- secrétaire de mairie, le bouilleur de cru ambulant, le docteur, etc… que les lecteurs locaux les plus âgés n’ont eu aucune peine à identifier. Bien sûr, même si ces personnages sont fortement inspirés de la réalité (à 80%) ils comportent tous une part d’imaginaire, c’est pourquoi leurs noms ont été changés. Vous comprendrez aussi que je ne désirais pas révéler l’identité réelle du voleur de foin, du mouchard et de la commère, car je n’avais aucune intention d’attiser des rancoeurs vieilles de 70 ans ! Finalement j’ai conservé le nom d’un seul « acteur », le plus jeune, Jacquou, pupille de l’assistance publique élevé par mes grands parents et pour lequel je nourrissais une profonde affection. En revanche j’ai gardé tous les lieux d’origine, comme le souhaitait l’éditeur.
En outre, je dois préciser que je me suis largement appuyé sur les témoignages des derniers survivants et surtout des dernières survivantes : hélas, dépassant les 90 ans en 2014, elles ont, depuis lors, quitté ce monde. Je n’ai pas manqué non plus de consulter les archives communales, notamment le registre des délibérations qui m’a apporté des informations très intéressantes. Fort de tous ces éclairages, je me suis attaché à adapter les événements et les personnages aux exigences romanesques, animé par la volonté d’éveiller la curiosité et l’intérêt du lecteur sans pour autant trahir l’authenticité historique.
Sur le plan linguistique, j’ai fait le choix d’une langue simple et alerte que j’ai agrémentée de quelques termes hérités du patois local (traduction donnée en notes) comme c’est le cas dans les pages ci-dessous. Et les nombreuses réactions très positives des lecteurs semblent me donner raison !
Résumé
1939 : l’entrée en guerre de la France va venir troubler la tranquillité et la sérénité séculaires de Saint Michel de Chabrillanoux, ce paisible village ardéchois accroché à flanc de montagne. C’est ainsi que Philémon (le maire), sa famille et tous les habitants devront faire face à des évènements qu’ils n’auraient jamais imaginés quelques mois auparavant . Entre le 25 décembre 1939 et le 8 mai 1946, la « Drôle de guerre », l’expédition de Norvège, l’accueil des réfugiés, la débâcle, Pétain, le rationnement, les Chantiers de Jeunesse, la chasse aux juifs, l’occupation de la zone libre , le S.T.O., la répression, la Résistance, le débarquement et enfin la Libération rythmeront leur vie quotidienne jusqu’à l’avènement d’une ère nouvelle, porteuse d’espoirs . L’histoire débute donc le 25 décembre 1939 ; autour de la table de Philémon et Victorine « … le coeur n’était pas à la fête étant donné que depuis septembre, à chaque repas trois chaises demeuraient désespérément vides, celle de Gaston, Marcel et Edouard, mobilisés comme tous leurs camarades… » Dans cette fiction sur les années noires se côtoient les rires et les larmes. Au fil des pages, à travers maintes aventures et anecdotes, vous découvrirez des personnages hauts en couleurs et une communauté villageoise qui a surmonté l’adversité, en faisant contre mauvaise fortune bon cœur. Je vous souhaite une bonne lecture et… n’hésitez pas à me faire part de vos réactions ! (chapusc@wanadoo.fr)
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Les personnages
La famille de Philémon :
Le père : Philémon, ancien combattant de 14-18, maire à partir de fin décembre 39. La mère : Victorine, paysanne, Le frère de Philémon : Léon, lui aussi ancien combattant, célibataire endurci et bourru. Jacquou, enfant de l’Assistance Publique, arrivé à l’âge de 1 an chez Philémon et Victorine. Les 3 fils de Philémon et de Victorine: –Edouard, mobilisé dans les chasseurs Alpins et envoyé en Norvège au printemps 40, démobilisé en août 40 -Marcel, infirmier dans un régiment d’infanterie, évadé après la débâcle et revenu au village à l’automne 40 -Gaston, mobilisé lui-aussi, tué pendant l’attaque allemande de mai 40.
Les comparses :
Joseph, le frère de Victorine et beau-frère de Philémon, habitant sur le plateau ardéchois, mobilisé en 39, prisonnier en juin 40 et libéré en 45. Sa femme Lisette. Robert, fils de Joseph et de Lisette, neveu de Philémon et de Victorine. « Gustou », cousin de Victorine. Le docteur Legrand, résistant. Fernand, le cafetier. Ernest, ancien combattant et facteur, amputé de la main gauche en 1914. Georges, qui remplace son père prisonnier pour le transport du courrier. Francis, le secrétaire de Mairie qui est aussi instituteur du village. Michel et Inès, deux jeunes réfugiés belges. Clément, un voisin, paysan, lui aussi ancien de 1914-1918. A noter également la présence de la communauté villageoise ainsi que l’apparition de gendarmes, de miliciens, de soldats allemands et de maquisards.
La couverture
(cliquer sur la photo)
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Découvrez quelques pages
(cliquer sur les pages)
Chapitre I, p. 14 à 17 :
Noël 39 chez Philémon
Notes
5 : hotte en osier servant à transporter le fumier 6 : sorte de coussin rembourré de paille protégeant les épaules du porteur de besse et retenu au front par une lanière de cuir
Notes
7 : la faux 8 : le cochon 9 : à gros flocons
Chapitre II, p. 22 à 25 :
26 décembre 39, la tuaille
Notes
14 : genêts 15 : pommes de pin 16 : veau
Notes
17 : remue 18 : pommes de terre cuites à la poële avec le boudin
19 : trachée artère
Chapitre V, p.60 et 61 :
Printemps 1940,
Jacquou et Michel, un enfant réfugié
Notes
39 : ronces 40 : crottes
Chapitre VIII, p. 96 à 99 :
1941, les restrictions
Notes
52 : assommerai 53 : fléau 54 : tarare, vanneuse
Chapitre XI p. 136 à 139 :
1943, les réfractaires au STO
Chapitre XVI, p. 206 et 207 :
1944, l’épuration
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Séance de dédicace
St Michel de Chabrillanoux le 12 déc. 2014.

Revue de presse
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Bibliothèque municipale pour toutes et tous
Vendredi 13 février 2015 à l’Arcade Public nombreux pour écouter Christian Chapus parler de son livre Ce Village si Paisible. L’auteur nous a raconté généreusement l’historique de son livre, ses nombreuses anecdotes, et surtout leurs liens avec les histoires réelles des habitants d’ici et des environs pendant la dernière guerre mondiale. Notre doyenne locale, Jeannette, a participé activement à cette remise en mémoire de certains faits et exploits certifiés exacts de cette période troublée. Dans le public, ceux d’ici, d’appellation contrôlée conforme (qui peuvent chanter «L’Ardecho ! L’Ardecho ! Merveillous païs, S’as pas vis l’Ardecho, N’as jamaï rein vis…. »), ont pu demander quelques précisions complémentaires sur les évènements et personnes auxquels se réfère le livre « Un Village si Paisible ». Les autres – les étrangers venus d’ailleurs (ceux qui n’ont pas de racines familiales entre les Ollières et Vernoux ☺) – ont été ravis d’entendre des récits de la vie réelle de ces lieux qu’ils aiment, et de leurs habitants de l’époque qu’ils découvrent. Merci à Gérard pour son accueil. C’était plus que parfait. Merci à Christian pour cette rencontre pleine d’humanité. Merci à tous les participants. On a bien vu, à votre présence attentive, que vous n’étiez pas là que pour la charcuterie et le petit vin blanc…pourtant bien sympathiques. Le livre de Christian Chapus est à la bibliothèque, dédicacé par l’auteur. Venez l’emprunter !
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Les lecteurs écrivent
Christian, bonjour, comme Écossais de 1951, je n’ai pas trop en commun avec St Michel de Chabrillanoux, les autres villes de l’Ardèche, la deuxième guerre mondiale et les sujets de ton livre. Par contre je suis touché par l’histoire – surtout les sentiments que j’ai bien apprécié – la solidarité, la vie en village, les relations humaines entres les villageois, les habitants autour et dans les familles, etc, qui a existé à cette époque. Dans la vie moderne on est souvent submergé par l’information et les événements d’aujourd’hui, importants bien sur, mais il est au moins également important de garder nos souvenirs, de partager et de faire les échanges concernant notre histoire et le passé ….
Merci, amicalement et sportivement, Elliot.
Extrait de la lettre envoyée par Roger, 92 ans, qui a inspiré le personnage de Robert :
Mon cher Christian, je viens te remercier et te féliciter pour ton livre qui a été un merveilleux cadeau de Noël. J’ai vraiment savouré l’atmosphère d’une époque que j’ai connue et que tu as su avec beaucoup de vérité faire revivre. Avec ton livre je me revois dans cet environnement que j’ai beaucoup aimé et à travers les noms que tu as très justement changé, j’ai bien sûr retrouvé des visages connus…. Ton livre est un hommage qui honore ta famille et fait revivre un passé révolu…
Roger C…
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Mail d’un lecteur, saint-michaloux de coeur
Salut Christian, un petit mot pour te féliciter en effet je viens de finir ton roman ,c’est une très belle initiative et une belle réussite. Je n’ai pas reconnu tous les personnages, ni je n’étais au courant de toutes les anecdotes, mais j’ai pris un réel plaisir à te lire. De plus le fait que ton roman se passe à St Michel, village qui occupe une place bien particulière dans nos cœurs lui donne un relief encore plus important. Encore bravo et maintenant que le virus de l’écriture s’est emparé de toi , j’attends le prochain!!!! Bonne écriture.Laurent C…_______________________________________
Mail d’une octogénaire qui vient d’entamer la lecture
Bonjour, monsieur Chapus, Mes premières impressions sont excellentes. J’ai délaissé le livre que j’avais commencé (et qui m’intéressait ) pour me plonger dans le vôtre. J’aime bien votre style clair et sans fioritures. Je retrouve avec bonheur quantité de mots que je croyais oubliés mais ils étaient bien ancrés dans ma mémoire, si bien que je n’ai guère besoin du lexique. Quelques petites différences : les échamps -> les chambas , la daille-> lou dail; le cayou -> lou coyou… J’ai appris un terme nouveau : un charrérou : c’est la « chareyre » à St Martial et j’avais toujours cru qu’il s’agissait d’un nom de famille! Comme disait ma grand-mère (en patois) : « Pourquoi mourir, pauvre vieille, alors que chaque jour, tu en apprenais davantage ! » Je retrouve aussi bien des occupations des habitants quoique St Martial était bien moins évolué que St Michel . En 1940, l’école publique était encore appelée : « école du diable ». De nombreux enfants fréquentaient l’école des Frères et l’école des Sœurs. L’école publique : une classe unique accueillait : quelques enfants de la ville réfugiés chez leurs grands-parents, les fortes têtes virées de l’école libre, les enfants de l’Assistance et une famille de protestants. Pas de monument aux morts dans la commune, les noms des victimes figuraient à l’église. Mes grands-parents n’avaient ni eau courante ni électricité et le battage du seigle se faisait au fléau! C’était encore le Moyen Age !
Mail reçu d’un lecteur lyonnais :
Je viens de terminer la lecture de votre livre que j’ai beaucoup apprécié,essentiellement pour deux raisons:Contrairement à beaucoup d’ouvrages sur cette période qui relatent surtout les actions d’éclat des résistants(sabotage,parachutages clandestins,etc) vous avez opté pour une autre démarche,celle de nous donner les conditions de vie,et d’actions aussi, d’une communauté appelée à vivre au quotidien une période difficile,et c’est,à mon avis, ce qui constitue l’intérêt majeur du livre. Autre raison plus personnelle: J’étais encore trop jeune pour juger de ce qui se passait,mais les circonstances ont voulu que pendant ces années je vivais dans un village du Bugey et j’ai retrouvé dans votre récit beaucoup de similitudes avec les souvenirs que j’en ai gardé,qu’il s’agisse de la vie quotidienne en campagne,tuer le cochon,assister au passage de l’alambic ou de la batteuse,par exemple,ou des événements liés à la période vécue.Les réfugiés n’étaient pas belges ou luxembourgeois,mais alsaciens et lorrains,et des réfractaires du STO se cachaient chez des voisins etc. Merci de m’avoir fait revivre ces souvenirs de jeunesse. Par ailleurs,j’ai été surpris par la richesse du vocabulaire utilisé.S’agit il d’un patois local, aujourd’hui disparu?
Amicalement Jean C…….
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Mail reçu d’un voisin :
j’ai fini de lire ton livre et à présent j’attends le suivant !!!!!!!!
Bravo, superbe et bien écrit !
Claude R….
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Mail reçu d’une amie privadoise :
j’ai fini ton roman hier soir après avoir passé des heures bien agréables et bien intéressantes en sa compagnie.Tu écris très bien, c’est clair, léger, vivant et joliment tourné. Les petites histoires dans la grande s’enchaînent avec facilité et ce sont un peu tous les aspects de cette guerre qui sont représentés. Autrement, et pour faire quelques remarques constructives, il aurait pu y avoir un plan des lieux cités, une légende de la photo de la 4ème de couverture et un peu plus de descriptions des personnages et des décors.
Quand je repasserai à Saint Michel j’irai voir le monument aux morts d’un oeil nouveau.
Cathy C…
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Quelques éléments du décor
la placette de l’église, p. 143
le charrérou qui descend au ruisseau, p.135
la chaudière de Léon, p.22
la tuaille, p.29
Chaland, p.174
la place de ce village si paisible
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Points de vente
Drôme-Ardèche
à St Michel de Chabrillanoux : L’Arcade
autour de St Michel : Chalencon (Café), Les Ollières (Proxy), St Sauveur de Montagut (Presse), Vernoux (Max’press et Tabac d’en haut),
à VALENCE et alentour ; Librairie Notre temps et Cultura. Press’passion (Guilherand-Granges), Presse République (St Péray)
à Privas Librairie Lafontaine, Bonne Nouvelle, Presse Laurent, Nature Directe
En ARDECHE : Albon, Alissas (Hyper U et Le Kiosque), Annonay (La Parenthèse, La Hulotte, Hyper U), Aubenas (Chaix, Culturela, Tiers Temps, Café Français), Bourg Saint Andéol (Beaux-Livres), Boulieu (Librairie Roux), Balazuc (Le Buron), Beauchastel (Presse), Cruas (Presse), Davézieux (Le Coin des Livres), Flaviac, Jaujac (Tabac et Auboiron), Lalevade, Lanarce, La Voulte (L’art des choix), Les Vans (Vandromme et Haute Tension), Le Cheylard (MP Cros et Dolmazon), Largentière (Caveau), Lamastre (L’arbre à feuilles et MP Charrel), Le Teil (Librairie Vivaroise et Presse Vioujas), Le Pouzin (Presse Merle), Le Béage (Hôtel), La Blachère (Ferme théâtre), , Montpezat (Tabacs), Peaugres,, Ruoms (Ex-Libris et Tabacs), St Fortunat (Proxy), St Agrève (Presse), St Michel de Boulogne, St Cirgues en Montagne (Presse), St Didier sous Aubenas, St Pierreville (Presse et Ardelaine), St Privas, St Martin de Valamas (Presse), St Julien Labrousse (Auberge), St Félicien (Presse), St Eulalie, St Marcel d’Ardèche, St Martial (Boulangerie), Serrières, Tournon (Librairies du Grillet, Courtial et Bonnet), Vallon (Intermarché), Vals les Bains (Presse et Carré des Maîtres), Villeneuve de Berg (presse et Librairie), Voguë.
Commande directe à l’éditeur
Chèque de 25 € à l’ordre de Pollen-Scop
(frais de port et emballage compris)
à envoyer à
Plumes d’Ardèche
Francis Blender
69 Avenue St Joseph
07300 MAUVES
Je peux vous le dédicacer et vous l’envoyer.
Commande à adresser à
Chapus Christian, 56 rue Hubert Robert
07500 Guilherand-Granges
chapusc@wanadoo.fr
contre un chèque de 25 €
(prix du roman plus les timbres et l’emballage).
Pour envoi à l’étranger prévoir 4 € supplémentaire.
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Le livre peut aussi être commandé sur les sites internet tel que : https://www.armitiere.com, La procure, Decitre, etc…
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Tome II
Mystères au village
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Extrait 1
(chapitre I)
Saint-Michel en 1946
Un an s’était écoulé depuis l’armistice et les habitants de Saint-Michel avaient retrouvé une vie paisible, rythmée seulement par les saisons et non plus par la guerre. Le printemps avait débuté sous une douceur exceptionnelle, laissant présager d’abondantes récoltes pour les mois suivants. C’est pourquoi, avec l’arrivée des beaux jours, le travail ne manquait pas dans la ferme de Philémon, l’ancien maire. Cependant, pour lui, pour son épouse Victorine et pour son frère Léon, le poids des années commençait à se faire durement sentir. Heureusement que Marcel était à leurs côtés, avec l’énergie débordante de ses vingt-cinq ans. De surcroît, le jeune homme éprouvait la nécessité d’aller de l’avant et il souhaitait développer de nouvelles cultures, plus prometteuses, à l’image de ses voisins qui avaient planté des pêchers et des cerisiers pour remplacer les prairies.
A Paris, après avoir subi de terribles privations, les habitants désiraient oublier le régime quotidien à base de gruaux, de rutabagas et de topinambours imposé par la guerre. Désormais ils redécouvraient peu à peu les fruits et les légumes qui avaient trop longtemps déserté les étalages. C’est pourquoi les commissionnaires des Halles Centrales, à chacune de leurs visites dans la Vallée de l’Eyrieux, martelaient toujours le même message :
-Même si la période des vaches maigres n’est pas totalement terminée, la demande est en train de redémarrer, alors il faut la satisfaire !
De son côté, Marcel n’était pas insensible à cet appel mobilisateur et il ne cessait de répéter à son père et à son oncle :
-Les gens de la vallée l’ont compris depuis longtemps, ils gagnent des sous avec leurs Burlat et leurs Amesdain¹ ! Ça rapporte plus que l’élevage !
En revanche, il ne pouvait pas compter sur l’aide de son frère qui avait quitté la ferme pour s’établir comme maçon aux Ollières avec sa jeune épouse. Comme convenu après la libération de l’Ardèche, Edouard avait repris la petite entreprise créée par son beau-père en 1920 et les chantiers se multipliaient dans la vallée avec la reconstruction du pays. C’est pourquoi il envisageait d’embaucher un second ouvrier avant la fin de l’année.
Quant à Jacquou, cet enfant de l’Assistance Publique élevé par Victorine, il avait fini sa préparation de parachutiste dans le sud de la France et il venait d’embarquer pour l’Indochine où la situation fort préoccupante avait contraint le gouvernement de Félix Gouin à envoyer des troupes supplémentaires. Du reste, c’était ce qui mettait en souci Victorine, d’autant plus que les informations qu’elle entendait à la TSF ne la rassuraient pas, bien au contraire. Il fallait comprendre son inquiétude, elle n’avait aucune nouvelle de son Jacquou depuis qu’il avait pris le bateau à Marseille fin mars. Et quelle ne fut pas sa joie quand, le 8 mai, le facteur apporta un courrier posté à Saïgon dix jours plus tôt !
Extrait 2
(chapitre I)
Le matin du 8 mai 1946
Au cours de cette même matinée, Fernand, le patron du Café-Restaurant des Voyageurs, mettait à profit les chauds rayons du soleil printanier pour déployer ses tables sur la terrasse, à l’ombre des arbres centenaires qui se dressaient au milieu de la place du village. Pour lui, ce 8 mai s’annonçait sous les meilleurs auspices. En effet, les anciens combattants avaient fort logiquement choisi l’anniversaire de l’armistice pour leur traditionnel banquet, bien que la journée ne fût pas fériée. Ensuite, une fois le repas terminé, ils devaient se retrouver à côté de la fontaine publique pour la plantation d’un arbre de la liberté.
A peine Fernand eut-il installé une première rangée de tables et de chaises qu’il fut interrompu dans son travail par la sonnerie du téléphone. Il se précipita pour répondre.
-Allo ! Hôtel-Restaurant des Voyageurs ?
-Allo ! Oui ! Bonjour, qui est à l’appareil ?
-Je suis l’inspecteur Bélardy, vous ne me reconnaissez pas ? C’est moi qui commandais le maquis de Chaland en 44.
-Pensez donc, je n’ai pas oublié le lieutenant Bélardy ! Et à l’époque, vous étiez même venu manger avec votre capitaine. Je me souviens aussi que mon fils se trouvait avec vous au moment du drame.
-Et comment va-t-il, ce cher Albert ?
-Il est occupé en cuisine car aujourd’hui nous avons une grosse journée qui nous attend avec le banquet des anciens combattants. Qu’est-ce qui me vaut l’honneur de votre appel ?
-Je vous donnerai davantage de détails ce soir. Je voudrais simplement réserver une chambre pour quelques nuits.
-Parfait, j’en prends bonne note. A tout à l’heure.
– A tout à l’heure.
« Que diable vient-il faire ici ? » se demanda Fernand en raccrochant le téléphone. Sans attendre, il alla annoncer la nouvelle à son fils, tout heureux à l’idée de revoir son ancien chef de section, mais dubitatif sur les raisons de cette visite impromptue.
Extrait 3
(chapitre III)
Le boula arrive au village
Après une courte sieste, Bélardy rédigea son rapport quotidien, ensuite il se plongea dans la lecture de son livre de chevet. Toutefois il fut bientôt dérangé par des cris qui montaient de la place. Il se mit à la fenêtre et vit les enfants du village disposés en cercle autour d’un homme débraillé, portant une sulfateuse sur le dos. Son béret noir lui couvrait une partie du visage et sa ceinture de flanelle, à moitié défaite, traînait jusqu’au sol. Un garçon plus courageux que les autres s’avançait vers lui en le défiant au cri de « Le boula⁶ ! le boula ! » repris en chœur par tous les autres qui lui faisaient des grimaces. Dès que l’individu s’avançait de quelques pas, le cercle s’ouvrait et se reformait un peu plus loin. L’homme proférait des injures incompréhensibles et menaçait les enfants en brandissant la lance de sa sulfateuse.
Le manège dura plusieurs minutes jusqu’au moment où l’homme perdit l’équilibre, s’appuya sur une table qui bascula, entraînant dans sa chute toute une rangée de chaises métalliques dans un bruit infernal qui alerta Fernand occupé en cuisine. Aussitôt sur place, Fernand et son fils empoignèrent vigoureusement l’intrus qui se débattait en vain. Ils l’installèrent sur une chaise, lui préparèrent un verre de café salé et poivré. Ils le forcèrent à avaler cette potion imbuvable, sous le regard des enfants tout excités.
Le breuvage amer ne tarda pas à produire ses effets. Albert avait d’ailleurs anticipé les évènements et il se tenait prêt à intervenir, une bassine émaillée à la main. Bien lui en prit car, sans crier « gare ! », l’homme se mit à rejeter le café mêlé au vin qu’il avait ingurgité tout au long de l’après-midi, soulevant l’estomac des enfants, écœurés par ce spectacle peu ragoûtant.
Intrigué, Bélardy descendit aux nouvelles et Fernand lui apprit qu’il s’agissait d’un déficient mental, habituellement tranquille mais capable de devenir violent quand il avait un coup dans le nez. Il travaillait à la journée dans les fermes alentour et il passait quelquefois par le village avant de rentrer chez lui. L’inspecteur mit sa carte de police sous les yeux de ce perturbateur de l’ordre public et il commença à lui rappeler la loi.
-Vous pouvez lui raconter tout ce que vous voulez, ça rentre par l’oreille droite et ça sort par la gauche, l’avertit Fernand qui parlait par expérience.
Au bout de quelques minutes, quand il eut fini de vomir sa vinasse, l’individu accepta d’avaler le grand verre d’eau froide que lui tendait Albert. Retrouvant peu à peu ses esprits, il tira de sa poche une vieille blague à tabac en cuir tout pelé ainsi qu’un carnet Job et il se mit à rouler une pincée de scaferlati entre ses gros doigts crevassés. Ensuite il humecta le papier d’un coup de langue rapide et il contempla le résultat qui ressemblait davantage à une papillote qu’à une cigarette. Il la glissa entre ses lèvres, l’alluma avec son briquet en manquant de se roussir les moustaches et il se mit à inspirer de longues bouffées de fumée.
L’agité avait enfin retrouvé son calme, apaisé par la nicotine ; ce fut le moment que choisirent Fernand et Albert pour le saisir par les bras et l’accompagner jusqu’à la sortie du village, suivis par l’inspecteur et une ribambelle de gamins. Après lui avoir rendu la liberté, ils le regardèrent s’éloigner en direction des Brus, au rythme de deux pas en avant et un pas en arrière.
-Vous avez vu comme il trampaleille⁷ ! C’est chaque fois la même histoire ! Il fera sûrement un bon sommeil au bord du chemin avant de se ramasser chez lui ! Sa mère l’attendra patiemment toute la soirée sur le pas de la porte pour lui remonter à nouveau les bretelles et demain il recommencera ! dit Fernand en souriant.
-C’est un sacré phénomène ! Je ne crois pas avoir rencontré son pareil au cours de ma vie, ajouta Bélardy. Et pourtant, à Privas, on est fourni !
-Il est impressionnant, cependant les gens ont tort d’en avoir peur parce qu’en réalité c’est un gros trouillard. Quand il rentre de nuit, il chante à tue-tête pour ne pas entendre les gnaucholes !
-Les gnaucholes, c’est quoi ces bêtes ?
-Les chouettes !
-Merci du renseignement. Et vous en avez beaucoup, des énergumènes comme lui dans la commune ?
-Ils sont deux dans la même famille, on les appelle les boulas. Son frère est encore plus atteint que lui mais, comme il ne goûte pas le vin, il n’est pas méchant. Sa mère l’envoie faire les courses au village le jeudi matin. Il arrive toujours de bonne heure, alors il vient boire un café en attendant patiemment le passage du boucher des Ollières. Il lui apporte chaque semaine des peaux de lapin et quelquefois un chevreau attaché dans un sac à pommes de terre. Vous aurez certainement l’occasion de le rencontrer et vous le reconnaîtrez sans peine. Vous ne pouvez pas vous tromper, les deux frères ont quasiment la même tête.
Décidément, l’inspecteur n’avait pas le temps de s’ennuyer dans ce village qui n’en finissait pas de le surprendre. Entre ses enquêtes et les évènements imprévus, il allait de découverte en découverte. Vers dix-neuf heures, la place ayant enfin retrouvé son calme, il remonta dans sa chambre afin de lire quelques pages de Maigret, en attendant le repas du soir.
Extrait 4
(chapitre XIV)
Altercation lors de la fête au village
Finalement, quand arriva le 21 juin, la place s’agita dès les premières heures de l’après-midi. Les conscrits apportèrent un chargement de bois sec, ensuite, alors que le soleil commençait à décliner, Léon et Marcel roulèrent un tonneau de vin rouge qu’ils mirent en perce derrière la fontaine. Quant à Fernand, il se fit un plaisir de fournir trois caisses de limonade bien fraîche. Et le boulanger leur offrit deux cagettes de brioches au sucre tout juste sorties du four.
La nuit venue, un grand bûcher fut dressé au beau milieu de la route départementale. L’honneur de craquer l’allumette revint au maire et, instantanément, le bois sec s’embrasa, projetant des ombres chinoises contre les façades entourant la place. Ce fut le signal de départ des festivités ; en quelques minutes les villageois se rangèrent en cercle autour du feu de joie. Les plus jeunes s’élancèrent en direction des flammes, disparaissant dans la fournaise avant de réapparaître de l’autre côté, les cheveux et les sourcils roussis par la chaleur.
Pendant ce temps, les hommes prenaient d’assaut la buvette où s’affairaient Jacquou et ses camarades. Les deux musiciens étaient déjà montés sur l’estrade et avaient entamé « In the mood ». Une file se forma rapidement à l’entrée, impatiente de swinguer sur cet air de Glenn Miller. Le vin coulait à flot et les esprits commençaient à s’échauffer alors que le duo entonnait les succès du moment.
Clément et Philémon contemplaient la scène, assis sur le vieux banc en pierre, dans un coin sombre de la place. Tous les deux avaient tenu à être présents ce soir-là et ils savouraient leur bonheur de voir renaître une tradition abandonnée en 1940. […]
Sur le coup de minuit, Jacquou fut pris à parti par un solide gaillard monté des Ollières. Il le connaissait vaguement et il le savait toujours disposé à se battre quand il avait quelques verres de trop dans le nez. Tout le monde disait qu’il avait le vin méchant, c’est pourquoi il valait mieux ne pas répondre à ses provocations. Toutefois, au cours de la soirée, celui-ci n’avait pas cessé de revenir à la charge, renversant des bouteilles et indisposant les clients, ce qui avait passablement énervé Jacquou, dont le tempérament soupe au lait supportait mal ce comportement provocateur. Le ton commença à monter jusqu’au moment où l’excité défia ouvertement Jacquou en public.
-Jacquou, il paraît que tu enseignes le judo aux niakoués ! Mais il ne faut pas te prendre pour le plus costaud du pays ! Si tu en as où je pense, sors un peu de ta buvette, je voudrais bien qu’on s’essaye tous les deux !
-Je suis ton homme, lui répondit Jacquou, sans une hésitation.
Instantanément, il jeta sa cigarette, sauta par dessus la table et se rua sur le provocateur avant qu’il n’eût le réflexe de réagir. Sous les yeux des consommateurs médusés, il l’expédia au sol d’un Te-waza imprévisible. Le combat fut extrêmement bref, les derniers curieux qui s’étaient approchés eurent tout juste le temps de voir le solide gaillard se relever, le visage ensanglanté après avoir mordu la poussière. Pour la première fois de sa vie, il avait été ridiculisé en public, lui que tout le monde redoutait dans les fêtes alentour. En revanche, Jacquou venait de se tailler une réputation de héros en l’espace de quelques secondes à peine. Sous les applaudissements de l’assistance satisfaite de la bonne leçon donnée à cette brute épaisse, il retourna derrière sa buvette. En revanche, son adversaire, humilié par une défaite peu glorieuse, se nettoyait le nez à la fontaine avant de s’éclipser en toute discrétion.